Ne pas choisir : quand l’exploration devient un phare — Le parcours de Mathieu entre Paris et Berlin

Un portrait de Mathieu

Et si nos plus belles décisions naissaient de l’imprévu et des risques que l’on accepte enfin de prendre ?

Et si côtoyer l’altérité – qu’il s’agisse d’une rencontre ou d’un changement de pays – devenait l’occasion de porter un regard neuf sur soi, d’élargir son champ de vision, et de révéler des talents longtemps restés en sommeil ?

C’est assurément avec un grand oui que Mathieu, l’invité de ce nouvel épisode, répondrait à ces questions. Né à Paris, où il grandit, étudie et entame sa carrière, il évolue depuis toujours dans un bain multiculturel… sans jamais oser y plonger pleinement. Il faudra une rencontre de cœur pour que l’intérieur rejoigne enfin l’extérieur.

Grandir, c’est apprendre à créer sa propre lumière.

Et parfois, partir, c’est la meilleure façon d’éclairer et dévoiler toutes nos facettes.

Dans cet épisode, Mathieu partage son cheminement entre Paris et Berlin, son goût pour les chemins de traverse, ses contradictions pleinement assumées, et la manière dont il a trouvé sa voie professionnelle sans jamais cesser d’explorer.

Une conversation qui mêle récit initiatique et conseils très concrets sur l’expatriation et le marché du travail allemand. Car Mathieu travaille aujourd’hui chez StepStone, l’une des plus grandes plateformes de recrutement en Allemagne, et son regard est aussi précieux que nuancé.

Bref, un épisode à ne pas manquer – que vous soyez en quête d’inspiration pour votre propre trajectoire, ou à la recherche d’informations claires et actuelles sur le monde professionnel outre-Rhin.

Notes de l’épisode

Il était une fois...

La carte Dixit choisie par Mathieu

Né à Boulogne-Billancourt, Mathieu grandit dans une fratrie de cinq enfants, au cœur d’un foyer où les livres, les récits et l’ouverture culturelle sont omniprésents. Son père est chirurgien stomatologue, sa mère travaille dans une agence de photographie. Si sa vie est très parisienne – 5e arrondissement, Luxembourg, Panthéon – le monde est à portée d’oreilles.

Sa mère est née en Finlande, sa grand-mère en Chine. Les histoires familiales sont celles de l’expatriation, des vies ailleurs .

"J'ai toujours grandi dans des histoires de pays étrangers sur la vie en Chine dans les années 20 ou 30."

Refuser de choisir : un art de vivre

Quand je l’interroge sur son parcours, Mathieu me confie très vite : "Je déteste choisir. Parce que choisir, c’est renoncer."

Ce refus du choix unique devient un fil rouge : bac S avec option grec ancien et histoire-géo, hypokhâgne lettres classiques, puis géographie, puis socio-économie. Une trajectoire d’hybridation, d’exploration, motivée non par la stratégie mais par la curiosité.

Il découvre finalement le métier de chargé d'études, qui combine analyse, rigueur, sens du concret — et surtout la possibilité d’articuler différentes approches du monde.

La carrière parisienne : apprendre, pivoter, affirmer

De ses débuts chez Opinéa à ses expériences chez Ipsos et BVA, Mathieu construit son expertise dans les études marketing. Il explore plusieurs secteurs, plusieurs méthodes, toujours avec cette soif d’apprendre — et un goût discret mais certain pour la prise de risque. Notamment chez Ipsos, lorsqu’il démissionne d’un département pour mieux repostuler dans un autre.

"Je crois à l’intérêt des prises de risque contrôlées, mais prises de risque quand même."
"Je n'aime pas attendre et quand je décide qu'il est temps de changer, je fais un circuit court."

Sa trajectoire, bien que structurée, laisse apparaître une autre facette : une intrépidité douce, une tension féconde entre prudence analytique et élans intuitifs.

Berlin : quand l’intérieur rejoint l’extérieur

Son nom, Kiepferlé, vient d’outre-Rhin, mais rien ne le prédestinait à l’Allemagne. C’est une rencontre amoureuse, pendant le Covid, qui change la donne. Une relation à distance de plus d’un an et demi qui lui offre une base solide pour envisager un ailleurs.

"Le fait d'avoir été forcé d'échanger pendant longtemps, d'apprendre à se connaître"

Il commence par des allers-retours, puis le besoin d’ancrage se fait sentir. Il choisit de chercher un poste à Berlin, quitte son emploi à Paris et fait le saut. Un saut réfléchi, préparé, mais assumé.

"On peut être partout… et nulle part. À un moment, il faut choisir."

StepStone et les coulisses du marché allemand

Aujourd’hui, Mathieu est Customer Experience Manager chez StepStone, l’une des plus grandes plateformes de recrutement en Allemagne. Un poste transversal, au carrefour de plusieurs départements, qui lui donne une vue d’ensemble rare.

Il décrit un paradoxe : une pénurie de main-d’œuvre à long terme, mais une hausse du chômage à court terme.

"Il y a un nombre important de demandeurs d'emploi, un nombre important d'entreprises qui essaient de recruter. Le problème, c’est que les deux ne correspondent pas."

Il alerte sur le décalage entre attentes des recruteurs et profils des candidats, et plaide pour une approche plus souple, plus axée sur les compétences transférables.

"Aujourd’hui, les carrières linéaires n’existent plus, mais les entreprises cherchent encore à se rassurer."

Pour celles et ceux qui cherchent un job en Allemagne

Mathieu partage aussi des conseils très concrets :

  • Apprendre l’allemand, même de façon modeste : un signal fort envoyé aux recruteurs.

  • Capitaliser sur son expérience passée plutôt que cumuler trop de ruptures.

  • Travailler son récit professionnel, comprendre les attentes locales, ajuster sa posture.

  • Et si besoin : se faire accompagner, pour éviter les angles morts.

Vivre à Berlin : liberté, mouvement et engagement

Berlin devient pour lui un terrain d’expérimentation. Il y découvre un espace-temps où rien n’est figé, où l’on peut vivre plusieurs identités sans avoir à choisir : "C’est ce sentiment de liberté où on peut avoir plusieurs identités à la fois."

Il accepte les opportunités nouvelles, s’engage davantage, prend la parole, anime des discussions…

"Je n’avais jamais parlé en public. Aujourd’hui, j’y vois un moyen de donner du sens à mon travail."
"J’essaie maintenant de dire oui à toutes les opportunités qui se présentent."

L’expatriation, pour lui, n’est pas un simple déménagement : c’est un tremplin pour mieux se connaître, mieux composer avec ses contradictions et habiter sa trajectoire avec plus de cohérence, de nuances… et de mouvement.

Une rue du Bergmannkiez

Les adresses de Mathieu :

  • le quartier de Bergmannkiez situé à Kreuzberg avec sa halle couverte (Marheineke-Markthalle), ses rues commerçantes denses, ses nombreuses terrasses et peu de touristes ;

  • le bar à cocktails Victoria Bar, un bar à l'ancienne, tout en profondeur, avec une porte à laquelle il faut sonner

  • en sortant de Berlin, Potsdam avec le château principal Schloss Sanssouci, le nouveau Palais Neues Palais et les jardins du Park Sanssouci et également les petites villes du Brandenburg accessibles en train régional, qui offrent du patrimoine médiéval et sont des points de départ pour des randonnées dans les forêts et autour des lacs.

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Merci Mathieu pour ce partage riche, sincère, lucide et inspirant.

Viens poursuivre cet échange lors de la soirée municité le 2/06/2025

Si cette conversation vous a parlé, donné des pistes, de l’élan ou même juste nourri une réflexion, alors je vous invite à venir la prolonger en vrai, le 2 juin à 18h30 à Munich, lors de notre prochaine soirée Municité.

Le thème de ce podium de discussion : Craque le code de l’emploi munichois — un échange à trois voix avec Mathieu, mais aussi Charlotte, experte LinkedIn, et Ingrid, qui travaille au sein de l’Arbeitsamt. Le tout suivi d’un moment convivial autour d’un buffet préparé par Pierre.

Les places sont limitées, alors pensez à réserver dès maintenant si ce n’est pas encore fait. Et bien sûr, faites passer le mot autour de vous à toutes celles et ceux que ça pourrait aider ou intéresser.