Pour écouter cet épisode, appuyez sur le lecteur ci-dessous ou sélectionnez l’appli de votre choix sur votre smartphone.
Dans cette épisode, vous pourrez découvrir le parcours de Nicolas. Au moment où on démarre l’interview, j’ai 30 mn d’avance sur vous. En clair, on ne se connaissait pas avant.
Nicolas travaille dans un cabinet de recrutement à Munich et j’étais convaincue que son expérience et son regard sur le marché allemand de l’emploi pourraient nous intéresser. La discussion est allée bien au delà.
On parle de ses origines Chtis, de son parcours pro d’ingénieur dans la sidérurgie au recrutement, de Maubeuge, à Paris, La Haye et actuellement Munich. On évoque son métier, le marché de l’emploi allemand, les différences entre candidats et recruteurs français et allemand et plein d’autres choses.
Ce que je retiens par dessus tout, c’est sa mention du rôle important que joue l’épouse qui suit dans le cadre d’une expatriation, sa conviction en la force et l’avenir du couple franco-allemand en termes économiques et culturels, son engagement, son dynamisme et sa générosité dans tout ce qu’il entreprend.
Résumé de l’épisode, adresses et liens utiles
De la sidérurgie au recrutement, de Maubeuge à la Hollande
Nicolas est un chtimi. Il naît dans la commune de Vieux-Berquin et c’est également dans le Nord de la France qu’il poursuit ses études et démarre sa carrière professionnelle. Ingénieur de formation, il fait ses premières armes dans le secteur de la sidérurgie avant de changer de voie, quelques années plus tard, à la faveur d’une rencontre.
Poussé par l’envie d’évoluer et de quitter Maubeuge, il saisit cette opportunité et accepte la proposition du CEO de Michael Page de l’époque pour rejoindre le cabinet de recrutement. Nous sommes en 2000. Il fait ses preuves et est nommé cinq ans plus tard directeur de la société en France. En 2010, il part à La Haye occuper le poste de directeur pour la Hollande avant d’arriver en 2013 à Munich.
L’arrivée à Munich
Au départ, Munich ne fait pas rêver la famille de Nicolas. Les débuts sont difficiles. Nicolas souligne le rôle majeur que joue l’épouse dans le cadre d’une expatriation car c’est à elle de créer les racines. Il compare cette étape à un déracinement : “c’est un peu comme : tu déplantes un arbre et tu dois le replanter le plus vite possible.” Par ailleurs, la barrière de la langue et la différence culturelle, souvent sous-estimée du fait de la proximité du pays à la France, viennent compliquer l’installation.
Astuce : pour apprendre l’Allemand, Nicolas parle du magazine Vocable.
Après quelques mois, ils arrivent à trouver leurs marques. Mais un nouveau rebondissement attend Nicolas : il est forcé de quitter la société qui l’emploie et se retrouve, pour la première fois de sa vie, au chômage avec ses quatre enfants et sa femme qui ne travaille pas. Ils font tout de même le choix de rester et c’est encore une rencontre qui lui permet de trouver son poste actuel au sein du cabinet de recrutement 3c.
Le cabinet 3C - Career Consulting Compagny
Nicolas est désormais Managing Partner au sein du cabinet de recrutement 3C - Career Consulting Company, spécialisé dans la recherche de cadre dirigeants et experts pour des entreprises dans le secteur de l’IT et de l’industrie, extrêmement dynamiques en Allemagne. Leur coeur d’activité se trouve dans les pays germanophones (DACH).
La cabinet est missionné par des entreprises pour trouver le collaborateur / la collaboratrice correspondant(e) à ses besoins. Passer des annonces ne fait pas vraiment sens dans le contexte actuel du marché de plein emploi en Allemagne. C’est pourquoi les recruteurs privilégient l’approche directe. 80% des PME font appel à leurs services ou à la sous-traitance pour recruter les bons candidats.
Focus sur le recrutement en Allemagne (20 à 32 mn)
Nicolas précise qu’en terme de recrutement de cadre exécutif, les robots ne peuvent pas encore répondre au besoin. Ils sont particulièrement utiles dans le cadre de recrutement à grande échelle comme c’est le cas pour la Deutsche Bahn ou la Police par exemple.
Voici les conseils principaux que nous a donnés Nicolas :
Il ne faut pas oublier qu’une entreprise est composé d’humains. Il peut arriver qu’une annonce soit pourvue et qu’on ait oublié de la retirer du site. Il ne faut jamais hésiter à se renseigner et utiliser son réseau pour contacter quelqu’un en interne dans la société.
L’authenticité, la transparence et la motivation sont des qualités clés.
Il est important de tenir compte des différences culturelles : en Allemagne, le diplôme a peu de valeur par rapport à la France, attachée à ses grandes Écoles. Le marché des cadres est un marché de spécialiste. Une des premières questions qui est posé lors d’un entretien en Allemagne sera : qu’est-ce que vous savez faire concrètement ? quelle est votre spécialité ?
Il rappelle que la maîtrise de l’allemand est un élément majeur pour pouvoir s’intégrer et également trouver un travail épanouissant. Sans faire cet effort, on risque de rester enfermé(e) dans un milieu d’expatriés.
En arrivant, il peut être intéressant de suivre une formation interculturelle pour comprendre l’histoire et le fonctionnement du pays.
Sur des postes qualifiés, les Zeugnisse ne sont plus un must-have. Les références ou lettres de recommandation sont bien plus pertinentes.
Il ne faut pas hésiter à se re-former via l’Arbeitsamt ou la Chambre de Commerce.
Parfois, il est nécessaire d’accepter de démarrer un nouveau poste à un salaire plus bas pour acquérir une première expérience dans le pays. Il faut le voir comme un tremplin à l’intégration.
En tant qu’expat, la flexibilité est un atout de taille.
Il est de plus en plus courant de changer rapidement de boîte pour pouvoir évoluer.
Nicolas est convaincu de la force des différences culturelles dans le cas du couple franco-allemand car ces différences sont extrêmement complémentaires.
L’avenir du marché de l’emploi en Allemagne
Je lui demande son sentiment sur le marché de l’emploi allemand. L’industrie automobile est en train de se transformer et de nombreux grands groupes ne recrutent plus ou ont changé les profils qu’ils recherchent. À ce titre, il nous parle du CEO de Volkswagen qui déclarait que le groupe devait passer d’une société de constructeur automobile à une tech company.
Nicolas n’est pas inquiet pour l’avenir du marché de l’emploi allemand : environ 450 000 postes sont vacants dans le pays même si on annonce 150 000 pertes d’emploi sur les prochaines années. Mais selon lui, il y aura toujours besoin d’ingénieurs de production ou qualité.
L’industrie automobile est en recul, mais l’industrie mécanique, l’industrie du bâtiment et, en particulier à Munich, le monde du software et des start-ups sont en plein boom.
De manière générale, il est plus facile de trouver un poste de responsable commercial ou un ingénieur JAVA à un poste marketing ou RH. Rien d’impossible mais le chemin sera peut-être plus long.
Les Conseillers du Commerce extérieur de la France
Nicolas est un des 15 conseillers présents en Bavière. Il nous explique le rôle de cette fonction bénévole créée en 1898 avec pour objectif d’améliorer les exportations françaises à l’étranger. Il s’agit de personnes nommées par le Premier ministre. Leur rôle est triple :
ils sont à l’origine des VIE (une opportunité à creuser pour les personnes voulant travailler en Allemagne car c’est le pays où il y a le plus de postes vacants) et doivent animer cette communauté ;
ils fournissent une aide à l’exportation en conseillant des entreprises voulant s’implanter en Bavière ;
ils sont en relation avec les autorités locales pour leur remonter des informations économiques venant du terrain et pour leur présenter la politique française en matière économique et les inciter à y investir.
Pour avoir encore plus d’infos, vous pouvez aller sur le site qui leur est dédié.
Le club économique franco-allemand de Bavière
Nicolas est un membre actif de cette association qui a pour objectif de développer, via ses activités, les relations économiques entre la France et l‘Allemagne tout en offrant un lieu d’échange et de mise en réseau. Le club organise des événements mensuels et est doté d’un spin-off dédié aux jeunes Next Gen.
Le club fera l’objet d’un futur épisode de podcast.
Les bonnes adresses de Nicolas
Il nous conseille le restaurant Rüen Thai à côté de Sendliger Tor qui outre une nourriture de qualité dispose d’une superbe carte de vins.
Son lieu coup de coeur est le parc du château de Nymphenburg.
Il a créé avec des amis un groupe de VTT et recommande la balade le long de l’Isar entre Munich et Schäftlarn.
Pour une sortie originale et dépaysante, il nous parle de rejoindre Munich en canoë en partant de Wolfratshausen.
Comme lieu historique à visiter à l’extérieur de Munich, il cite l’abbaye Benediktbeuern sur la route de Garmisch.
Le plus beau lac est pour lui Schliersee.
Bibliographie pour en apprendre plus sur l’Allemagne, son histoire et sa culture
Savoir vivre avec les allemands, petit guide interculturel de Bettina Mrosowski
Les amnésiques de Géraldine Schwarz