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Pour être tout à fait transparente avec vous, ce nouvel épisode était imprévu au programme. Je l’ai enregistré lundi soir et étant donné l’actualité dont il traite en partie, à savoir les élections municipales qui auront lieu dimanche 15 mars, il était important de le sortir vite.
J’y rencontre Benoît. Pourquoi lui et pourquoi cette interview ? J’ai vu passé il y a quelques jours une présentation expliquant le fonctionnement des élections municipales à Munich. En fait, le 15 mars prochain, ce n’est pas une élection qui aura lieu (celle du maire) mais trois et le système n’est vraiment pas évident. Grâce au PowerPoint de Benoît, c’est possible d’y voir plus clair et je me suis dit qu’il serait intéressant d’avoir un format audio.
Benoît fait partie de la liste des Verts dans le quartier de Ludwigvorstadt et Isarvorstadt et il est donc bien placé pour nous en dire plus sur le sujet. L’objectif de ce podcast n’est pas de faire de la politique mais d’expliquer le fonctionnement du système électoral allemand et de rappeler à ceux d’entre vous qui sont citoyens européens que vous avez le droit de voter.
L’idée de départ était de faire un épisode court mais Benoît a gentiment accepté de nous en dire plus à son sujet. J’ai donc saisi l’occasion car je trouve que ce sont les parcours de vie qui nous enrichissent le plus et que c’est important de pouvoir remettre les choses dans un contexte.
C’est également la raison pour laquelle je vous propose aujourd’hui deux épisodes : une version longue avec le parcours de Benoît qui suit le format habituel et une version courte où j’ai seulement inclus notre discussion autour des élections.
Enfin, avec Benoît, notre discussion ne s’est pas limitée à ce sujet. Nous avons également abordé son double cursus franco-allemand, son engagement pour la diversité et la mixité, en particulier au sein du groupe Pride chez BMW, son métier, les challenges que la ville de Munich doit relever dans le futur et bien sûr ses bonnes adresses.
Résumé de l’épisode, adresses et liens utiles
De la banlieue parisienne à Munich
Benoît naît à Pontoise et grandit à Sannois, dans le Val d’Oise, à quelques kilomètres d'Argenteuil. Il se dirige vers un cursus scientifique, une classe préparatoire PSI à Paris avant d’intégrer, deux années plus tard, Centrale Lille.
Son premier contact avec l’allemand, ce sont ses cours de première langue étrangère, choix stratégique pour se retrouver dans une bonne classe. Ensuite, via son hobby qu’est la natation, il participe à des compétitions franco-allemandes, moments dont il garde un excellent souvenir et qui lui donne l’envie de partir dans le pays de Goethe. L’occasion se présente lors de ses études à Centrale Lille qui lui donne la possibilité d’obtenir un double diplôme à la TU de Munich. Il opte pour ce parcours et prendre le chemin de la Bavière pour y démarrer sa troisième année d’études d’ingénieur.
La période TUM
Benoît arrive à Munich le 1er octobre 1999. Il ne connaît absolument pas la ville. Toutefois, son installation se déroule sans encombre car son logement dans un Wohnheim à Studentenstadt tout comme son inscription à l’université ont été entièrement organisés par son école. Enfin, il n’est pas seul car ils sont sept étudiants de sa promotion à avoir opté pour ce cursus.
Son arrivée coïncide avec le dernier week-end de la fête de la Bière où il se rend avec son père et ses amis. Une belle introduction à Munich.
On parle ensuite des différences entre l’enseignement en école d’ingénieur en France et celui à l’université en Allemagne.
L’amour au rendez-vous
Benoît n’avait pas d’attente ni de plan prédéfini en arrivant à Munich et il était loin de s’imaginer qu’il n’en repartirait jamais. Au départ, il reste entouré de ses camarades de promo. L’intégration n’est pas aisée car ils arrivent en milieu de cursus et fréquentent plutôt les étudiants étrangers et les personnes qui logent dans la même résidence.
Si Benoît va prendre la décision de rester dans la capitale bavaroise, c’est parce qu’il y fait la connaissance de son futur mari qui est munichois. Cette rencontre a lieu à l’occasion d’une des sorties organisées par une association de jeunes homosexuels qu’il a rejoint.
Une carrière chez BMW
Benoit démarre sa carrière dans une filiale d’Altran comme consultant chez BMW. Il y exerce en tant qu’externe pendant 2 ans et demi avant d’être embauché par la société en 2004.
On parle d’intégration, de son expérience dans une usine en Basse-Bavière et de son évolution pendant ses 16 ans au sein de la société. Au départ, il travaille sur le développement du réseau électrique de bord, avant de passer au service après-vente puis de se consacrer au diagnostic des véhicules à propulsion électrique et hybride.
Le groupe Pride
Je demande à Benoit de nous expliquer l’histoire et le rôle de ce groupe dont il est l’un des porte-parole. Au sein de la société, tout a commencé par un réseau informel regroupant des gays, des lesbiennes et des personnes transgenre ou transexuelles. Composé d’une dizaine d’employés de BMW, il prend la forme de déjeuner régulier où l’on se retrouver pour échanger.
Au moment où BMW décide de formaliser sa politique de diversité, les membres du réseau y voit l’occasion de faire entendre leur cause (la diversité sexuelle). Ils se fixent des objectifs, démarrent un dialogue avec le management et développent une structure plus formelle. Désormais, ils participent tous les ans à la CSD (l’équivalent munichois de La marche des fiertés à Paris) avec le soutien de BMW Allemagne, de la marque MINI et du BMW Welt . Il y a 5 ou 6 ans, ils étaient une dizaine de participants. En 2019, ils étaient environ 200.
Par ailleurs, Benoît souligne qu’il s’agit d’un réel engagement de l’entreprise à l’extérieur comme en interne et non d’une mesure marketing.
Enfin, si vous souhaitez avoir des conseils en tant qu’employé ou employeur pour favoriser l’inclusion en termes de mixité sexuelle, Benoit conseille de prendre contact avec l’association Prout at work.
L’engagement politique
Quand je demande à Benoît la raison de son engagement politique, il me dit c’est l’élection de Nicolas Sarkozy qui agit pour lui comme un déclic. Il décide tout d’abord de rejoindre le Modem et développe avec d’autres personnes une section allemande du parti. Ils réunissent une centaine d’adhérents, ce qui leur permet d’avoir le même poids qu’une section française. Après avoir oeuvré en politique en tant que Français de l’étranger, il s’engage localement suite à une déception face au système. Son choix se tourne vers Die Grünen, le parti des verts, qu’il rejoint en 2009 et qui correspond à ses valeurs de liberté et d’ouverture.
On parle ensuite du fonctionnement du parti et de l’évolution de Benoît en son sein. Depuis 2014, il est un des élus du deuxième conseil d’arrondissement de la ville : l'arrondissement de Ludwigvorstadt-Isarvorstadt. On en compte au total 25 et l’arrondissement de Benoît regroupe environ 55 000 habitants.
Le système électoral allemand
Nous arrivons au sujet des élections. Avant de présenter les élections municipales du 15 mars, Benoît nous explique brièvement la structuration, le fonctionnement et l’organisation des différentes élections en Allemagne.
En résumé, il y a 3 grands types d’élections.
Les élections fédérales qui ont lieu tous les 4 ans et qui élisent au suffrage direct les députés qui siègeront au Bundestag. Ces derniers choisissent le chef du Gouvernement, le chancelier (Bundeskanzler). À ce niveau, chaque électeur dispose de deux voix :
1ère voix (vote primaire) : elle permet d’élire le député de sa circonscription avec un scrutin uninominal majoritaire à un tour. Le candidat arrivé en tête est élu.
2nde voix (vote secondaire) : il est très important car il va déterminer les rapports de force au Bundestag. L’élection de cette seconde moitié de députés dépend des résultats du premier vote et se fait dans le cadre d’un scrutin proportionnel plurinominal et national.
Pour plus d’informations, je vous renvoie à cet article. Vous pourrez également consulter sur cette page la composition actuelle du Bundestag.
Les élections au niveau du Land qui permettront de constituer le Bundesrat, le « parlement des gouvernements des Länder ». Pour en savoir plus à ce sujet, vous pouvez consulter le site du Bundesrat en francais.
Enfin, il y a les élections municipales, au niveau des villes. Ce sont ces élections qui auront lieu dans quelques jours à Munich.
Les élections municipales à Munich
Pour avoir tous les détails, je vous engage à lire la présentation que Benoît a préparée et qui vous explique en détail le pourquoi et le fonctionnement des trois élections.
Voici également d’autres liens complémentaires sur le sujet :
À noter : Benoît nous conseille de voter par correspondance si l’on est novice car le système est complexe.
Au cours de ce passage, on aborde également en détail le rôle du Bezirkausschuss, le conseil de quartier.
Les challenges munichois
Benoît nous dit que les deux grands challenges de la ville sont le logement et la mobilité. On parle de la situation immobilière, du rôle que peut avoir la ville pour éviter la gentrification. Je lui demande également quelles sont les solutions que son parti et lui envisagent pour répondre à ces nouvelles problématiques.
Les bonnes adresses de Benoît
On finit, comme toujours, le podcast avec les adresses préférées de Benoît à Munich :
pour une occasion spéciale, il nous conseille le restaurant Les deux qui vient de décrocher sa deuxième étoile ou la brasserie située au rez-de-chaussée plus abordable mais qui appartient à la même maison ;
pour une soirée plus détendue, il nous parle du Goldmarie (métro Poccistrasse) qui propose une cuisine autrichienne / fusion et qui possède une jolie cour-terrasse, très sympa pour y passer du temps en été ;
pour un café, il nous parle d’un local qui torréfie son propre café, coffeemamas, dans le quartier de la Theresienwiese, et dans lequel il est aussi possible de déjeuner le midi ;
pour boire de très bon cocktails, il évoque Auroom dans la Hans-Sachs-Strasse ;
comme lieu coup de coeur, il nous propose, en tant que passionné de natation, le Müller’sches Volksbad ;
enfin, il nous parle de son goût pour la randonnée et nous conseille l’ouvrage Die Münchener Hausberge pour trouver des idées de sortie dans les montagnes aux alentours.